Antoine de Saint Exupéry raconté

Les escales françaises de Saint-Exupéry

La France de Saint-Exupéry

Assez naturellement, l’image que l’on se fait de Saint-Exupéry est associée aux grands épisodes de sa vie de pilote et à son œuvre. A l’évocation de son nom, ce sont plutôt des paysages lointains qui viennent à l’esprit : on pense bien sûr à l’expérience du désert, qui a tellement marqué l’aviateur et qu’il a décrite magnifiquement dans “Terre Des Hommes” et dans le “Petit Prince“. Il y a aussi l’Amérique du Sud et l’Argentine, lieux de hauts faits de l’Aéropostale et d’épopées chevaleresques dans l’enfer de la Cordillère des Andes, auxquelles il rend hommage dans “Vol De Nuit“. Mais beaucoup plus près de nous, en France, Saint-Exupéry a eu une relation particulière avec quelques lieux, qui occupent une place tout aussi essentielle dans son imaginaire. On pense évidemment aux endroits qui ont bercé son enfance et sa jeunesse ; et parmi ceux-là, il en est un qui est tout à fait à part : le château de Saint-Maurice de Rémens, dans le Bugey à une cinquantaine de kilomètres de Lyon. Sans jamais vivre à demeure dans cette bâtisse un peu austère environnée d’un parc merveilleux qu’il voyait comme un « royaume sans limite », Saint-Exupéry y a connu avec ses frère et sœurs les expériences originelles qui le nourriront toute sa vie. Jusqu’à l’âge de 9 ans, il habite Lyon, avant que sa mère ne l’envoie au Mans pour suivre sa scolarité dans le giron de sa famille paternelle. Il passe là six années au collège jésuite Notre-Dame de Sainte-Croix. Mais dès que c’est possible, le temps des vacances d’été, la famille retrouve son paradis de Saint-Maurice. C’est là que Saint-Exupéry goûte pour la première fois aux frissons de l’aviation sur l’aérodrome voisin d’Ambérieu. La mère d’Antoine, Marie de Saint-Exupéry, hérite en 1920 du château, mais elle devra s’en séparer quelques années plus tard, faute de moyens pour le garder.

Un autre château a marqué l’enfance de Saint-Exupéry : il s’agit de La Môle, en Provence, non loin de Saint-Tropez, où la famille fait de nombreux séjours auprès des grands-parents maternels d’Antoine. C’est là que sa mère a grandi, et où elle a trouvé refuge après la mort subite de Jean, le père d’Antoine, en 1904. Dans sa correspondance, l’écrivain évoque les fêtes de Noël dans cette ancienne forteresse médiévale : « Il y avait à La Môle une bergerie extraordinaire, une crèche avec des moutons et des chevaux et un bœuf et des bergers et un âne et trois rois mages dix fois plus grands que les chevaux, et surtout une odeur de cire qui est pour moi l’essence de toute fête… j’avais cinq ans… ». A l’âge adulte, l’écrivain gardera des liens intimes avec ce coin de Provence et la Côte d’Azur : non loin de là se trouve le château d’Agay, où sa sœur Gabrielle et son beau-frère Pierre d’Agay l’accueilleront souvent. Il s’y marie avec Consuelo en 1932 avant de s’installer quelque temps à Nice…