Antoine de Saint Exupéry raconté

Le dernier voyage de Saint-Exupéry

Le dernier mystère de Saint-Exupéry

Dans le dernier livre publié de son vivant, “Le Petit Prince”Saint-Exupéry imagine une fin mystérieuse pour son héros. Mordu par un serpent venimeux, le jeune garçon tombe doucement dans le sable du désert. Mais quand l’autre personnage du conte, l’aviateur, revient sur le lieu du drame, il n’y trouve plus rien : « Mais, je sais bien qu’il est revenu à sa planète, car, au lever du jour, je n’ai pas retrouvé son corps. » Le récit paraît à New York au printemps 1943, au moment où Saint-Exupéry gagne l’Afrique du Nord pour reprendre le combat. Ce sera son dernier combat, et, à l’image du « petit bonhomme », lui-même connaîtra une fin mystérieuse, jamais complètement élucidée. A l’été 1943, Saint-Exupéry rejoint une première fois le groupe de reconnaissance aérienne II/33, où continuent de servir ses anciens camarades de la campagne de 1940, sous commandement américain. Promu commandant, il s’entraîne pour voler sur un avion qu’il ne connaît pas, le Lockheed P-38 Lightning, ce qui constitue une épreuve physique pour son corps usé de quadragénaire. On dit qu’il est le plus vieux pilote des forces aériennes alliées, et d’ailleurs, à 43 ans, il a dépassé la limite d’âge pour ce type d’appareil ! Cela ne l’empêche pas de réussir une première mission au-dessus de la France. Mais lors de son second vol, il s’écrase à l’atterrissage après une fausse manœuvre…

Saint-Exupéry est écarté du personnel navigant par l’état-major américain, mais après quelques mois de disgrâce, il obtient de pouvoir voler à nouveau, au printemps 1944. Le voilà donc en Sardaigne, puis en Corse, point de départ de nouvelles missions d’observation sur une version encore plus rapide du P-38, qu’il décrit ainsi dans la “Lettre à un Américain”, rédigée en mai 1944 : « J’ai la joie de participer de nouveau à ces plongées de scaphandrier que sont les missions de haute altitude. On s’enfonce, dans les territoires interdits, habillé d’instruments barbares, environné d’un peuple de cadrans. On respire au-dessus de sa propre patrie un oxygène fabriqué aux États-Unis. L’air de New York dans le ciel de France, n’est-ce pas étonnant ? » Le 31 juillet 1944, à bord de ce « monstre léger », comme il dit, Saint-Exupéry s’élance de la base aérienne de Borgo à 8h35 du matin pour ce qui constitue sa 10ème mission de guerre. Ce sera malheureusement la dernière…