Antoine de Saint Exupéry raconté

La disparition de Saint-Exupéry

La fin de Saint-Exupéry – Extrait

Nous sommes au début de l’année 1943, la Seconde Guerre mondiale fait rage, et depuis quelques mois, le vent a commencé à tourner en faveur des Alliés. De New York où il est exilé depuis deux ans, Saint-Exupéry trépigne. Il voudrait revenir en Europe et prendre sa part dans la lutte contre le nazisme. Il a beau voler de succès en succès sur le plan littéraire – “Pilote de Guerre” est un best-seller américain, et il est en train de mettre la dernière main au “Petit Prince” – il aspire à autre chose. Saint-Exupéry a une conception exigeante du devoir, qui lui commande de s’engager physiquement, et pas seulement de se payer de mots. D’ailleurs il a de plus en plus de mal à supporter ce qu’il appelle le « panier de crabes » de New York, où les Français se déchirent sans fin entre camps irréconciliables.

Il se trouve que depuis le mois de novembre 1942, les Américains ont pris pied en Afrique du Nord : pour Saint-Exupéry, il n’y a plus qu’un choix possible, rejoindre les armées françaises combattantes…

Saint-Exupéry essaie de faire jouer des appuis, notamment du côté du commandement américain. Et c’est finalement un envoyé du général Giraud, à ce moment-là le grand rival de De Gaulle soutenu par les Etats-Unis, qui va lui entrouvrir la porte de l’armée d’Afrique. Sans attendre que les discussions avec le général Béthouard – c’est le nom de l’émissaire – aboutissent, Saint-Exupéry se met en quête d’un uniforme de l’armée de l’air et de toutes les fournitures dont il aura besoin. Son ordre de mobilisation finit par arriver début avril, et il embarque quelques jours plus tard dans un convoi américain avec quelques épreuves toutes fraîches du “Petit Prince”, direction l’Algérie.

Comme en 1940, il obtenu de haute lutte le droit de participer à la guerre. Enfin c’est ce qu’il croit, parce que ses protecteurs ont d’autres projets pour lui. Lui rêve d’être affecté dans l’unité dans laquelle il a combattu pendant la campagne de 1940, le groupe de reconnaissance aérienne II/33 où servent encore quelques-uns de ses camarades de l’époque. D’ailleurs quelques jours après son arrivée, il file les rejoindre dans le Sud de l’Algérie, où ils sont basés, pour une soirée de retrouvailles. Mais le général Giraud, qui est le commandant civil et militaire en Afrique du Nord, lui propose d’entrer dans son cabinet à Alger. Inutile de préciser que Saint-Exupéry refuse et que l’entretien se passe… disons pas très bien…